La vasectomie de Willem
L'Interview exclusive de Willem

Texte paru dans "quais baltiques (1994)" :
"Willem:ma vie, mon oeuvre
Né en 1941, aux Pays-Bas, sous le pseudonyme (sic) "Bernhard Willem Holtrop". Collabore aux petits journaux fouteurs de merde au temps des provos. En 1968 à Paris, pour dessiner dans l'Enragé et Hara-kiri,etc. Normalement, les journaux et maisons d'édition avec qui je travaille disparaissent peu après.
Quelques-uns résistent encore : Charlie-Hebdo, Libération, Psykopat..."

La bande autobiographique ci-dessous est parue en aout 1975, elle raconte la vasectomie (stérilisation) de Willem. La conclusion fait référence aux bus de femmes qui devaient (à l'époque) se rendre à l'étranger pour avoir droit à une IVG sous contrôle médical.

Un récit de voyage à bord du trans-sibérien 
 

L'Interview exclusive de Willem Automne 2006
Willem nous reçoit dans une petite maison de bois en proche banlieue parisienne. Il habite ici depuis trente ans. Les murs sont couverts d'oeuvres en tous genres (beaucoup de Roland Topor) et les bibliothèques croulent sous les livres.
Il prend connaissance des statistiques de fréquentation du site Internet qui lui est consacré et semble particulièrement intéressé par les pays d'où viennent les visiteurs. Il paraît impressionné par l'abondante bibliographie (près de cent références) et embarrassé par la partie autobiographique.

Plusieurs de tes livres et magazines ont été frappés par la censure. Concrètement, ca s'est passé comment?
- C'était simplement une interdiction à l'affichage, comme si on devait les vendre sous le manteau. C'est très hypocrite parce qu'on a le droit de publier mais pas de mettre en vente. Ceci dit, c'est pour éviter la censure (sur les publications soi-disant destinées à la jeunesse – nda) que des revues  publiaient des textes et qu'on pouvait lire Jean-Marie De Busscher ou Manchette dans Charlie (mensuel).

Comment ca s'est passé l'exposition (été 2006) au musée d'art moderne de Paris?
J'y suis allé une seule fois après l'installation mais j'ai appris que quelqu'un avait volé un des dessins exposés (sur la Somalie, je crois).

Pourquoi ces changements de formats pour « God Nederland & Oranje », le journal que tu éditais en Hollande?
Quelquefois, l'imprimeur avait un stock de papier de petit format, d'autres fois de grand format.

Nous demandons à Willem de nous parler du film « Marquis » de Topor et Henri Xhonneux dans lequel il fait la voix d'une marionnette (le personnage, Willem Van Mandarine, est un éditeur hollandais à tête de poisson):
Il fallait quelqu'un avec l'accent hollandais. Je me suis retrouvé dans un studio entre des comédiens professionnels qui faisaient des voix comme « Donald Duck ». C'était marrant.

Tu as souvent travaillé avec Topor?
C'était un copain.

Parle nous de ta participation à l'émission de télé « Palace ».
On se retrouvait à Boulogne, on écrivait, on dessinait, ensuite Jean-Michel Ribes prenait tout ca et s'en servait.

Parle nous de « Weg met de Varkens » (un livre sur l'histoire du dessin de presse politique paru aux Pays-Bas en 1970)
C'était une commande, le texte est très mauvais.

C'est vrai que Le Pen t'a fait un procès?
Il a déposé une plainte mais elle a ensuite été retirée. C'est arrivé plusieurs fois avec lui ou d'autres.

Comment ca s'est fait le puzzle « Le Libido »?
J'avais déjà un projet et Siné m'a dit de le proposer à Régine Desforges qui éditait des livres érotiques parfois interdits. La conception a été confiée à une boîte de pub.

L'édition américaine est légèrement différente.
C'était édité par Denis Kitchen (de Kitchen Sink) et ils ont décidé de changer la présentation. Par la suite, on a su que le nom était déjà pris et l'avocat a dit que l'avocat adverse était meilleur alors on a laissé tomber.

Comment est-il possible de travailler dans tellement de journaux différents?
J'avais besoin de nourrir mes enfants et je n'avais pas de censure réelle. Je n'ai pas eu besoin de faire du porte-à-porte. On me disait simplement « Ici, ce n'est pas Hara-Kiri ». J'ai seulement eu des problèmes avec le journal « Rouge » pour un dessin sur la chute du mur de Berlin.

Tu as toujours bossé avec les éditeurs et journaux hollandais mais on dirait que de nos jours, c'est plus officiel. Comment on passe du statut d'éditeur emprisonné (dans les années 1960) à celui d'artiste célébré par l'institut néerlandais à Paris?
Ils m'ont même demandé d'être le parrain pour leur cinquantième anniversaire. J'ai accepté mais j'ai demandé de ne pas avoir à serrer la main de la reine!

Où se cache Barnstein de nos jours (2006)?
Probablement à la frontière entre l'Afghanistan et le Pakistan.

A quand le prochain livre?
J'ai trois livres en préparation.

Les dessins refusés par Libération sont-ils proposés à Charlie?
J'envoie deux dessins par jour à Libé, le plus souvent, ils en choisissent un seul.

Pourquoi ne te voit-on plus en dernière page de Charlie?
Je ne participe pas aux conférences de rédaction.

Comment est-ce qu'on fait pour éditer un livre de Willem?
Il suffit de présenter le projet, je ne demande pas d'avances aux petits éditeurs, je prends seulement un pourcentage sur les ventes. Pour des petits tirages (2000 ex., par exemple) presque tous les exemplaires sont vendus et l'éditeur rentre dans ses frais.

Les intervieweurs expriment leur dépit face à la disparition de la rubrique « Images » de Libération.
J'en ai marre d'être le seul à parler de Bruno Richard (rires) mais ca va peut-être continuer sous une autre forme dans Charlie Hebdo.

Quand tu regardes en arrière, quels sont les livres dont tu es le plus fier?
« N'oublions Jamais » et « Romances et Mélodrames ».

Pourquoi ce dernier qui paraît être juste un autre Willem de la collection « Bête et méchant »?
C'est le graphisme.

Qu'est-ce que tu penses du découpage fait de tes planches pour les éditions en livre de poche chez Folio?
Ils publiaient plusieurs livres de la collection, ca ne me dérange pas.

Pourquoi la couverture de l'édition portugaise de « La Paix dans le Monde » est-elle différente et le dessin remplacé par un photomontage?
C'est l'éditeur qui a choisi mais l'idée reste la même.

« Van Niks en Nogs Wat » (De Harmonie, 1985) est le seul roman pour la jeunesse que tu as illustré.
C'est vrai, c'est l'éditeur qui m'a demandé, je n'ai jamais rencontré l'auteur.

Qu'est-ce que « Dames » (1977)?
Chaque année, De Harmonie demandait à un auteur de réaliser un livre pour le changement d'année.